je ne me rappelle plus si je suis capable de vivre heureux, je ne sais plus comment aller bien, je le savais pourtant encore hier, alors pourquoi aujourd'hui je me suis réveillé en me disant, que se passe-t-il, je suis suis vivant, à quoi ça sert, je suis inutile, je ne sers à rien, il ne se passe rien, je ne sens pas la terre tourner, mais maintenant ça revient, j'ai eu un petit moment d'inquiétude, qu'est ce qui se passe dans le cerveau, cet amas de connections électriques, chimiques, physiques, cet organe qui donne l'impression d'aller bien, car ce n'est qu'une impression, dans la vie on ne sait rien et heureusement, car si on savait ce que sait le Pape le jour de son élection, tous les secrets de l'église depuis 2000 ans, moi je connais ma vie, même si j'en oublie les trois quarts, car le présent prend beaucoup de place, hier n'est plus, il a disparu à minuit, j'étais en train de regarder la télé, j'ai tourné la tête pour voir l'heure, l'aiguille était tout en haut sur le douze et d'un seul coup elle est tombée dans aujourd'hui, une tentative de fuite, en avant à un rythme rapide, on n'a pas le temps d'attendre, l'enfance, l'adolescence, ça va vite, on dépasse les années en klaxonnant, on risque un accident mais on ne peut faire autrement, il n'y a pas d'autre vitesse, on ne fait pas mieux que les mouches qui s'écrasent contre les fenêtres transparentes, irons-nous un jour nous écraser contre le mur du destin, et paf, tout est parti, en une seconde, alors qu'on croyait dur comme fer au temps qui passe encore pour longtemps, la vie, cette comédie insatiable qui en veut toujours plus, ce n'est jamais assez, tous les jours des milliers de morts et des milliers de naissances, tout va bien