il est normal de penser, ça fait partie du cadeau de la naissance, certains pensent plus que d'autres, mais à quoi ça sert, en effet on a qu'un seul corps et une seule vie, alors pourquoi vivre seul dans une tour d'ivoire, il faut aller à la rencontre de l'autre, partager, comprendre, s'asseoir au milieu des gens, et ensuite avoir de la chance de rencontrer quelqu'un qui pourrait aller bien avec la bibliothèque, on ne se refait pas, si on a peur, on est comme ça toute sa vie, si on va bien, on va bien toute sa vie, et si on aime les corps, on les aime toute sa vie, il n'y a pas de surprise, tout ça est décidé au début de la vie, quand nous ne savons pas encore parler, nous regardons ce qui se passe et nous nous fixons un point d'ancrage qui sera le même pendant toute notre vie, ce point d'ancrage comprend toutes sortes d'émotions, c'est une sorte de boîte à outils qui va servir à toutes les occasions de la vie, tout est prévu et il n'y a pas de défaillance, c'est Dieu qui a tout fait, un projet grand comme le ciel, en avant les histoires, elles sont nombreuses mais elles finissent toutes au même endroit, dans un trou froid comme l'hiver éternel, mais avant de finir ça fourmille dans tous les sens, ça court, ça rampe, ça séduit, l'humain ne comprend pas qu'il est en mission sur terre, le temps compte les jours, un jour on compte à l'envers, il ne reste plus que, mais ça on ne le sait qu'au dernier moment quand on est en phase terminale d'un cancer, plus qu'une heure, plus que dix minutes, encore une minute, c'est merveilleux, j'ai aimé la vie, j'ai fait n'importe quoi, j'ai usé mon corps et me voilà maintenant à 60 secondes de la fin, je suis prêt, je ne pouvais continuer comme je l'avais fait avant, il fallait que je m'arrête, mais je m'étais trop enfoncé dans une habitude de plaisirs faciles, toujours dans la pente du désir immédiat de possession d'argent, de corps, de violence, pas un instant de paix, je voulais foncer dans tout ce qui bougeait, et un jour, il n'y a pas longtemps j'ai été obligé de m'arrêter, hôpital, chimiothérapie, soins palliatifs, légume pas frais, fin des plaisirs, renoncement à la vie, préparation à la mort, ce n'est pas ce que j'avais programmé, je comprends maintenant que j'ai fait fausse route, je ne le voyais pas, j'étais aveugle à l'amour, je demande pardon, est-ce trop tard, pardon, pardon, pardon