ce que j'étais ne peut plus

ce que j'étais ne peut plus être mis au devant de la scène, pour la simple raison qu'ils sont morts, alors pour vivre il faut continuer de penser que c'est possible et pour la dernière fois une tentative de gagner la terre ferme, ça fait des années que je suis sur la mer, tantôt calme, tantôt agitée, ce n'est pas encore la folie mais quelques fois j'ai peur, je voudrais tant aller là où chauffe la soupe avec un jardin et quelques bêtes, mais suis-je trop jeune, ou alors suis-je destiné à ne pas aller au plus loin de la chance, je vais peut-être m'arrêter au début de la course et attendre que ça passe avec un peu de tristesse mais la vie est douce, ça passe gentiment, il n'y a rien de contraire, tout avance dans le même ordre, ça fait des années que c'est comme ça, alors pourquoi ne pas continuer dans ce sens, et quand je serai atteint par la limite d'âge, j'irai dans un coin où personne ne me connait pour y cultiver des radis que je vendrai au marché et pour vivre j'aurai un cours d'eau où je puiserai de l'eau et une bougie pour le soir, ça sera tout ce dont j'aurai besoin car quand on arrive à la fin de sa vie on est tout près de ne plus rien vouloir, alors on se penche an avant et un jour on tombe dans le ravin, c'est la fin d'une expérience qui n'a pas été dépourvue d'intérêt mais qui a raté une marche, du coup je n'ai jamais pu aller ailleurs en prenant appui sur la chance, ce fut un long parcours d'échecs répétés comme pour me dire que je n'étais pas celui qu'on attend, mais celui qu'on repousse, il faut le savoir, c'est mieux quand on sait pourquoi on vit, un espace minuscule qu'on travaille le plus possible pour être sûr de ne rien rater, mais le destin est tellement grand qu'on peut ne pas voir ce qui se passe ailleurs et nous entraîner très loin des premiers temps, on n'y peut rien, le courant est trop fort et bientôt j'arrive en plein mer sans savoir nager, heureusement je trouve une branche qui flotte sur l'eau, je m'en fais un radeau et je me dis que c'est la fin, mais comme par magie, aussitôt sort de l'eau un poisson sorti du four accompagné de riz blanc, je peux donc bien manger, et après je fais une sieste, je rêve à des corps nus qui acceptent que je les caresse