un jour, une nuit tout s'efface ne reste que le souvenir, un parfum, un visage, disparition pour toujours, il est mort, je suis vivant, je vieillis, ce n'est pas différent, chaque jour passe en couleurs, car je sais que je suis au courant de ce qui se passe ici, car je sais que je suis recherché par la population d'à côté, vers minuit il faudra changer les draps parce que en été on sur et en hiver on met le chauffage et puis on est  toujours pas content car le moment n'est pas encore venu, on l'attendait pour aujourd'hui, et finalement il ne viendra pas avant le mois prochain, alors je n'attends plus, je me contente de paraître comme je suis, un exemplaire unique d'être humain, un jour par ici un jour par là et dans le sens inverse car je suis ce qu'on appelle un zigolo, un zigoto rigolo, un merle pas chanteur, une espèce en voie de disparition, ou bien d'apparition car le temps passe plus vite qu'on croit, parce que ce qu'on croît c'est pas grand chose, c'est quelque chose de particulier, un ensemble de coïncidences, des hasards fabriqués pas forcément au bon endroit, car il est bien entendu que je suis prêt à participer à quelque chose de grand, un ensemble cohérent entre midi et minuit, entre deux déjeuners parce que je ne veux pas recommencer la même chose, c'est un effort au quotidien, une envolée qui tombe par terre, un projet fou, mais réaliste car il s'inscrit dans une continuité, je ne veux mentir à personne, il est de mon devoir de prévenir tout le monde que je suis un homme