à l'intérieur de moi s'agitent des molécules dégueulasses, elles voudraient me faire tomber dans la fosse, heureusement que j'ai aussi des bonnes intentions qui se réalisent, elles agissent discrètement à l'insu de ma volonté trop faible pour suivre le mouvement, je suis dans un état incertain qui se caractérise par des rides qui se creusent, rien de méchant mais une vulnérabilité qui s'accroit, je crois évidemment que je mens le plus souvent, mais il m'arrive de respirer sans penser à mal, une fois, deux fois, puis ça recommence, je me sens emporté comme une feuille d'automne par un vent violent, je monte dans l'angoisse, vais-je, ça retombe, ce n'est pas encore pour cette fois-ci, je regarde en arrière, toutes ces années où j'étais inconscient, heureux de vivre, de dormir, de me réveiller, de rien, de tout, de merde, des kilos dont on ne fait rien, comme des corps qu'on met dans un trou, je n'ai pas encore signé mon assurance vie ni mon autorisation pour que mon corps soit donné à la science, j'attends encore un peu, dans dix ans je verrai mieux le champs de bataille, à droite l'ennemi, en face l'ennemi, à gauche l'ennemi, derrière le caca, si ça va tout va, il y a chez l'humain un réservoir inépuisable de plaisir, le corps va bien, pas de cancer, on se congratule, une santé de fer qui rouille, on est d'une même génération, on vit tous en même temps et si ça se trouve on va tous mourir en 2050, le premier janvier, une coupe à la main et le boulet au pieds, je tombe dans l'infini