il faut dire calmement que le moment est venu, celui de la dernière chance, derrière toutes les années sont mortes depuis longtemps, il ne reste que deux jours, que faire pendant ce temps court, prier tout  le temps, manger des frites, fumer une dernière cigarette, comme un condamné à mort qui a droit à un repas spécial avant d'être électrocuté, passons sans tarder à cette vie qui s'achève, qu'est ce qui s'est passé depuis la naissance, des jours et des nuits, une jeunesse vite enfuie avec un autre, une famille, un travail qui n'est plus qu'un souvenir, trois fois rien, une vie pour rien, comme beaucoup d'autres, aucun essai de passer plus haut, vision de cloporte qui ne cherche qu'à avancer 20 centimètres pour on ne sait quelle raison, combien d'humains n'ont aucun projet qui les emmènent dans le rêve, si on pouvait tous aller dans une direction simple, on se respecte tous, on ne ment pas, la vérité permet d'avoir des relations équilibrées, on n'essaye pas de fuir, on accepte le bonheur sans vouloir le torpiller, comme l'humain a une grande haine dans le coeur, il trouve odieux le bonheur simple qui consiste à passer des jours dans la facilité, nous sommes biens ensemble, que dire d'autre, malgré les pulsions négatives qui s'agitent en dessous, c'est avec une grande douceur que nous nous parlons, comment y arrive-t-on dix-sept ans après le début, nous sommes arrivés à vivre en association, le projet est de vivre heureux, nous savons ce qu'il faut faire pour y arriver, pas de chantage, une vision commune, combien de temps cela va-t-il durer, dix ans, vingt ans, trente ans, je pense qu'il faudra attendre la mort de l'un ou l'autre pour que s'arrête le projet