le jour se lève et moi aussi, les humains tournent avec la terre, et dans la moiteur de cette après-midi je me sens bien, j'aurais pu aller ailleurs mais mon destin s'est arrêté là, au milieu des possibilités, pourquoi choisir, il faut juste accepter ce qui se passe, on gagne du temps et on va bien, alors que si on se demande toujours ce qui ne va pas, ça ne va pas s'arranger, par exemple, j'étais sûr de pouvoir rebondir sans me casser en mille morceaux, ce n'est plus le cas, je sens en moi cette éventualité de se perdre, je dis d'accord, ce qui est doit être, ensuite je vais aller me faire cuire un œuf, avec du pain, c'est rassurant de penser à ce que je vais manger, même si c'est mauvais pour moi, l'idée me rassure, manger quand on a faim, ça devrait donner le bonheur à ceux qui mangent, mais ça ne se voit pas, ou alors la satisfaction qu'ils ont de manger ne se voit pas, car à peine ont-ils fini de manger qu'ils commencent à digérer, ça prend du temps et pendant ce temps-là il ne vaut mieux pas les brusquer, et le temps passe jusqu'au soir, on n'a rien fait de génial, mais on est content de se mettre à table, les années passent, on grossit, et puis, d'un coup on maigrit, quoi, comment, les mauvaises molécules détruisent les bonnes, il ne reste que 6 mois à vivre, c'est un coup dur, toutes ces années sans penser à mal, voilà que je suis puni, mais non, c'est la vie, c'est tout, l'humain est fait pour s'ennuyer beaucoup de fois, de s'amuser peu de fois et de mourir une fois, rien de plus