un jour puis deux, puis dix mille et puis l'éternité qu'on ne compte pas, et avant la vie ça durait depuis combien de temps avant de crier pour la première fois, dès qu'on sort du ventre de sa mère, c'est la course, les années passent, on souffle les bougies, la première on ne comprend rien, la deuxième on est déjà loin du début, à trois ans on est à l'école, on en sortira prêt à raisonner, prêt à travailler, quelques décennies, les parents meurent, les enfants se marient, on a vécu pour ça, les rêves de jeunesse disparaissent devant la réalité du crédit pour la maison, pour la voiture,  pour les vacances qui coûtent de plus en plus cher, on ne se voit pas vieillir, tout est comme d'habitude et puis un jour c'est l'accident vasculaire cérébral, on devient un légume, la vie s'arrête, il ne reste que des miettes d'avant, quelques mots bégayés, des gestes désordonnés, comment se préparer à ce moment, on ne le peut pas, les humains sont intelligents pour faire des choses, mais il n'est pas prévu dans le cerveau d'anticiper la vie, de comprendre qu'il va se passer quelque chose, c'est vrai qu'en général il ne se passe rien au quotidien, que des choses habituelles, rien d'extraordinaire, c'est un lent ruban qui se déroule régulièrement jusqu'au dernier tour