j'avais l'habitude de prendre des décisions, il est évident de prendre ce qui est là, mais quand je pense à mon enfance je chancelle, je passe dans une autre étape, je vieillis, je pers mon innocence, je récupère des histoires de fous, il était pourtant prévu que je continue à vivre tranquillement jusque là, mais comment savoir que c'est là, suis-je arrivé à là, ce n'est pas évident, comment pourrais-je en être sûr, à qui demander ça, je ne sais même pas quoi demander, alors je continue tout seul en croyant que c'est ce que j'ai de mieux à faire, c'est mon projet, continuer jusqu'au moment où je ne pourrai plus le faire, sois que je sois mort, sois handicapé à 80 %, pour le moment je suis handicapé du coeur, j'ai du mal à aimer, je vois les autres comme des inconnus que je ne peux séduire, cela faisait longtemps que je le faisais, mais je m'en suis vraiment rendu compte il y a peu de temps, c'était en janvier, j'avais prévu de faire une grande fête avec des amis, et puis quelque chose s'est passé, ça venait de loin, une force terrible qui secoue les êtres, d'un seul coup, ce fut le seul, est-ce le dernier, je ne sais pas, ce coup-là partit de la destinée, on n'y peut rien, ça tombe quand ça veut, c'est complètement autonome, j'ai du rennoncer à mon projet, il n'était plus question de faire la fête, l'espérance est ailleurs, il faut attendre de meilleurs moments, pour le moment il ne se passe rien, dans la tête il n'y a que des questions sans réponse, ici, maintenant, pouquoi, comment, où, être, faire, donner, partit, rester, comprendre, mettre la table, choisir les assiettes, compter les couteaux et les fourchettes, cette maison de la jeunesse qui va partir, il n'y a plus de projet, d'un seul coup, tout s'en va, tout reste à jamais dans la tête