je prie en marchant pour être bien sûr de ce que je vais faire après, car la stabilité ça se prépare, en amont on est quelque part, en aval ça tombe de tous les côtés, on est prêt à passer au milieu, c'est une préparation qui demande simplement de prier régulièrement sans rien demander une action particulière, ce qui compte le plus dans la vie c'est ce qu'on ne connait pas, alors c'est inutile de demander des cacahuètes, je passe des heures à marcher, dans cette transe irationnelle j'arrive à me dégager de mon corps et d'atteindre un espace situé au-dessus de moi, j'y suis bien, je suis ailleurs, la prière arrive quand je veux, au milieu de pensées obscures et insensées, la prière arrive comme un élément fort de stabilisation évidente, tout le reste s'écroule, ça ne tient pas, c'est mouvant, c'est inutile, c'est vain, c'est creux, la prière c'est plein, c'est lent, c'est la foi, simplement je crois pour moi, d'abord c'est moi qui compte, ensuite les autres, les morts, ceux qui ne sont plus sur cette terre, j'y pense, je prie pour eux, en ont-ils besoin comme moi j'en ai besoin, je l'ignore mais je le fais quans même, ça me paraît normal, la vie est courte, alors qu'avant et après ça ne se compte pas en année mais en éternité, on est ceinturé par l'éternité, il suffit de naître pour participer à ce grand jeu sans règle, alors je me suis mis à prier, pour trouver un sens précis à ce vague sans écume, une réalité avec un contenant où je puiss poser mon regard, c'est un travail lent sans découverte sensationnelle, j'avance à chaque pas, des jours et des jours d'attente productive, je ne suis plus adolescent, à l'époque je croyais que tout arrivait de toute façon, j'en concluais qu'il n'y avait rien à faire, ça allait arriver, aujourd'hui je suis sûr qu'il faut se tenir prêt, se tenir prêt ça veut dire se préparer, prendre du temps, se mettre en marche, en avant lentement