when is it now

mardi 28 janvier 2014

si j'avais eu toutes les chances

si j'avais eu toutes les chances mais un jour j'en ai perdu quelques unes, à l'époque ça ne m'intéressait pas, la vie était une inconnue indifférente, mais voilà que maintenant je comprends que je suis obligé à faire des choses pour rester au plus près du bonheur, ces moments sont uniques, je suis bien, mais il me manque une sensation nouvelle, quelque chose qui me lance, qui me prenne, qui me dise je suis moi, je peux faire ce que je veux, je vais et je viens pour ne pas sortir de mon pas, un corps qui marche, une allure qui ralentit tant mon poids se fait plus précis, sur des jambes plus musclées, mon parcours se fait à découvert, je voudrais y aller moins vite, pour voir tout ce qu'il faut voir, tout ce que je retiens comme indispensable, un papier gras qui colle au trottoir, un vélo blanc qui cherche la pollution, des gens qui passent l'air inquiet, que se passe-t-il, que faire d'autre, aller à droite, tiens si j'allais voir quelqu'un mais je m'arrête, ça ne va pas, il faudrait que je réfléchisse, qu'est ce qui est important pour moi, quel est l'essentiel, je regarde le ciel, je cherche à y voir le visage de mon père, je ne suis plus dans un champ, je suis arrivé en ville, les rues, les places, tout est bruit, tout est lumières, mais quand je me surprends dans la vitrine d'un magasin, je vois un petit homme ramassé sur lui comme un tas de charbon, l’œil terne, je vois qui je suis devenu, alors que dans ma tête je sautille toujours comme si j'avais dix ans, c'est difficile d'être au moment où je vis, il y a un décalage entre la pensée et la réalité, ce que les autres voient de moi n'est pas ce que je pense de moi, mais comment faire pour croire que c'est possible, ça me tente mais je résiste, il faut que je sois prêt, si ce que je crois est vrai c'est que je suis né pour accomplir mon destin, c'est mon rêve depuis des années quand j'ai compris que la vie est molle, ce qui est dur c'est de continuer, rien n'y pousse, au contraire tout vous dissuade de faire quelque chose qui n'est pas sérieux, quand ça n'existe pas personne ne peut vous dire vas-y, casse toi les dents, on préfère vous voir dans une place plus sûre, pour un jour prétendre à la retraite, et bien moi, je vois un autre parcours, une place moderne sans sécurité, et surtout pas de retraite, ce mot me fait penser à l'armée de Napoléon revenant de Russie, c'est la fin d'un rêve, le moment est choisi, c'est celui-là, il n'y en aura pas d'autre, c'est là que je mets toutes mes forces, tout va couler, alors je dois me construire un radeau, pour l'instant je suis en suspend, ça peut aller même si je sens que ça tombe, est-ce pourri dans les fondations, à l'époque on n'a pas fait attention mais maintenant, 20 ans ont passé, que reste-t-il de notre jeunesse, des images jaunies, des odeurs de plâtre, des croyances infondées, des moments engloutis sous d'immenses saisons, toujours les mêmes, hiver, printemps, été, automne, et on recommence mais jamais complètement comme avant car l'expérience alourdit la note, plus ça va plus on sait, même si ce qu'on sait ce n'est rien par rapport à toute l'étendue des abysses et du cosmos intergalactique, moi, dans mon coin je me fais une raison rapide mais qui tien des années car on vit tous dans un petit endroit, un petit nid douillet qu'on veut le mieux possible, des rideaux, du parquet, des lampes, des courants d'air pour chasser les mauvaises odeurs, les corps vieillissent plus que les meubles, alors tout est dans un mouchoir de poche, car tout est plein par ailleurs, ce qui est normal est cadenassé pour éviter les fuites, mais je dois maintenant arrêter

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